Extrait

Alexandre de Winchester interrompit monsieur de Saluces. Il s’adressa à Jolly Jack, un sourire narquois aux lèvres.

— Hélas, je ne porte plus de bijoux depuis que quelques malandrins m’ont dérobé une montre. Que puis-je vous octroyer d’autre ?

Le chef des malfrats tressaillit légèrement, offensé par cette raillerie qu’il jugeait de mauvais goût. D’un geste assuré, il braqua son pistolet sur le visage d’Alexandre.

— Vous désirez vous amuser, mon cher marquis ? Très bien, amusons-nous. Vos vêtements m’intéressent. Dépouillez-vous immédiatement !

Alexandre écarquilla les yeux, surpris par cette requête inattendue. Il n’avait certes pas prévu une telle tournure à sa plaisanterie. Néanmoins, il accepta le défi. Il commença par se débarrasser de son ample justaucorps. Les dames échangèrent des regards complices. Elles trouvèrent que le marquis, malgré la situation épineuse, ne perdait rien de sa prestance. Il poursuivit en déboutonnant sa culotte bouffante, révéla des bas de soie et des souliers à boucle. Chaque mouvement était calculé, chaque geste était une invitation à l’admiration. Quand il ôta sa chemise de lin délicatement brodée, les dames, émerveillées, s’éventèrent afin de dissimuler le rose sur leurs joues.

Madame de Saluces, sortie de sa torpeur, découvrit alors cet immoral spectacle. Le choc fut tel qu’elle s’évanouit de nouveau, ce qui suscita un éclat de rire général. Jolly Jack, visiblement agacé, interrompit le numéro. D’une voix tonitruante, il enjoignit au marquis de se rhabiller sur-le-champ.

Alexandre s’inclina devant lui, un sourire toujours aussi moqueur sur les lèvres.

— Ma prestation ne valait-elle pas tous les bijoux du monde ?

Jolly Jack l’ignora d’un haussement d’épaules et ordonna à ses compères de battre en retraite.